À la soirée Slam-poésie sans slam vers 19h30, troisième improvisation de poésie en live, sur une consigne et une citation données par la chorégraphie Catherine Lavoie-Marcus.
«L’autrice livre au public le spectacle de sa décomposition, aussi stupéfiante qu’elle est imperceptible.»
D’après Histoire spirituelle de la danse, David Wahl, 83
«Cicéron en son temps l’avait déjà remarqué : «Morte mutante», disait-il à qui voulait l’entendre, «la mort se meut», et provoque de grands bouleversements en notre corps. Et point n’est besoin pour cela d’attendre la décomposition finale. Car la mort, c’est chose désormais bien connue, frappe à chaque instant en notre propre corps, en ce moment même! À chaque seconde de notre vie, deux milles de nos cellules trépassent. Et je suis profondément désolé d’apprendre au lecteur que depuis qu’il a ouvert ce livre à la première page, il a perdu dans d’atroces circonstances près de sept millions deux cent milles cellules… Sincères condoléances… Ton corps, et je te demande pardon, lecteur, de te l’annoncer comme cela en plein délassement, ton corps est un véritable charnier!
Temps : 5 minutes
Hantée par la danse depuis son plus jeune âge, Catherine Lavoie-Marcus s’improvise artiste et chercheuse, en alternance, parfois simultanément.
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Réécriture souvenir, à partir de l’impro.
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Je décompose
cellule par cellule
ma vie et ma mort émouvantes mutantes
Je décompose
à chaque microseconde
mon avenir : la mort; et notre seul projet absolument commun : la mort
Je dépose
tous mes futurs présents
mes cellules mères mes souches pour revenir
Je composte
chaque microseconde
des nourritures spirituelles une clémentine
deux cafés une pomme trois pizzas des lacunes végétales
et le charnier de mes particules funéraires
la conséquence de ma naissance
est inéluctable
un spectacle
invisible
morte mutante
une jolie pose à tenir
pendant la décomposition
Nos renaissances
ne sont pas jolies jolies
aussi sanglantes qu’un accouchement
Je recompose
è chacune de mes autopsies préventives
mes terminaisons
Je pleure
mes revifs ratés
suis phénix oui! prise par trois tours d’ombilic autour du cou
ma jouvence même oui! aux forceps aux césariennes
devient boucherie
et oui! charnière
Dans les cendres continuelles
cellulles mères cellules filles
à chaque microseconde
la vie
ce spectacle mutant
et sa cellule fille la joie
qui se composte
se recompose
joie mutante.
